COLLOQUE
RÉSEAU(X) ET TERRITOIRES
Le ferroviaire au coeur des mobilités régionales et métropolitaines
En savoir plusLa ministre des Transports l’a annoncé, l’État est prêt à accompagner les collectivités qui souhaitent réfléchir à la mise en place d’un RER métropolitain
Quelle place pour le train dans la mobilité urbaine, et métropolitaine en particulier ? Une place centrale, répondent la plupart des décideurs politiques. À commencer par le gouvernement actuel, par la voix de sa ministre des transports, Elisabeth Borne. « Depuis deux ans, nous sommes engagés dans une politique de mobilité dans laquelle le train nous est indispensable », explique-t-elle. « Dans les territoires urbains autant que dans les métropoles. Notre conviction, c’est que nous ne pourrons relever le défi de la croissance démographique que grâce au train. D’ici au 1er janvier, nous allons d’ailleurs mettre en place un plan d’actions clair qui vise à accompagner les initiatives des régions et des métropoles, à partager les connaissances, contraintes et solutions, et à donner de la visibilité sur la capacité qu’ont l’État et SNCF Réseau à mener à bien ces actions ». Une priorité, le train ? Pas seulement dans les paroles, mais aussi dans ce qui a été acté financièrement. Ainsi, dans le cadre du projet de Loi d’Orientation des Mobilités, 75 % des investissements publics de transport seront consacrés au rail. L’État devrait mettre plus de 2,5 milliards d’euros d’ici 10 ans pour financer les projets de réseau express métropolitain. Avec un principe clair : un centime ajouté pour chaque centime investi par les collectivités.
Le cap de la politique gouvernementale sur le sujet est clair », poursuit Patrick Jeantet, Président délégué du directoire de SNCF, et PDG de SNCF Réseau. « Cela passe par une désaturation des noeuds ferroviaires, que nos équipes ont déjà entamée.
« Nous sommes des catalyseurs »
Nous sommes au service des métropoles et des régions pour développer le RER ou son équivalent, car il est clair que la part du ferroviaire dans les déplacements urbains est encore trop faible. Elle est inférieure à 10 %, alors même qu’elle est la plus écologique et qu’elle occupe peu d’espaces publics ». Par RER, le PDG de SNCF Réseau désigne « un service cadencé et régulier, avec des arrêts rapprochés dont les trains circulent aussi en dehors des heures de pointe ». Dans certaines grandes aires urbaines, la réflexion est déjà bien entamée, à Strasbourg et Bordeaux notamment, où les différentes collectivités ont déjà commencé à travailler main dans la main (lire ci-contre et page 6). Ailleurs elle n’en est qu’au début. « Chaque métropole ira à la vitesse qu’elle souhaite », reprend Patrick Jeantet. « Nous sommes, pour elles, des catalyseurs et des apporteurs de solutions. Si elles souhaitent ce type de réseaux, ce sera à nous de hiérarchiser car ils utiliseront les infrastructures des autres trains. Nous travaillerons donc de manière itérative, en bonne intelligence avec les métropoles. »
L’intermodalitéprimordiale
Comment ces dernières peuvent-elles imaginer ces RER ? « Sûrement pas en copiant le modèle parisien », prévient Elisabeth Borne. « Il est évident que les solutions à apporter diffèrent selon les villes », opine Éric Chareyron, directeur de la prospective, modes de vie et mobilité dans les territoires du groupe Keolis. « L’une des difficultés, pour elles, réside dans le fait que le voyageur moyen n’existe plus car l’utilisation des transports s’est énormément diversifiée. Cela complique la mise au point de l’offre. Mais globalement, elles doivent se structurer autour des trams, des bus et des trains, en intégrant aussi la dimension des modes de transports dits doux, vélos ou marche notamment. » « C’est une certitude », ajoute Armelle Le Hire, directrice des services et des opérations de SNCF Gares & Connexions.
Nous ne développerons pas le ferroviaire si nous ne développons pas l’intermodalité. Il faut commencer par un diagnostic de la gare, c’est-à-dire une analyse très fine des besoins des voyageurs et de leurs habitudes. Arrivent-ils à la gare à pied, en vélo ? Laissent-ils leur voiture ? Il faut “scénariser” la gare pour l’adapter aux modes de transport qui “l’alimentent” en favorisant les modes doux grâce à notre démarche EMA (Espace Multimodal Augmenté). » Nombreuses sont les pistes de réflexion, en tout cas, autour de ce qu’est un réseau métropolitain performant, de ce à quoi peuvent ressembler les infrastructures capables de le porter.
Elles vont alimenter le travail des différentes parties prenantes autour du schéma directeur national des RER métropolitains, qu’Elisabeth Borne a annoncé vouloir d’ici 2020.
Elles seront notamment inspirées des exemples étrangers et des travaux déjà accomplis par certaines agglomérations françaises.