COLLOQUE
RÉSEAU(X) ET TERRITOIRES
Le ferroviaire au coeur des mobilités régionales et métropolitaines
En savoir plusEn phase d’élaboration de leur schéma d’aménagement des territoires, les régions imaginent, avec l’appui de SNCF Réseau, leurs transports de demain. Exemple avec la Nouvelle-Aquitaine
C’est un acronyme un peu étrange, qui pour le moment n’évoque rien au grand public : SRADDET, pour Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires. Il s’agit pourtant d’un plan de toute première importance, dans la mesure où il va définir la feuille de route de la région en matière d’aménagement du territoire et de l’habitat comme des transports, notamment, pour les 10 ans à venir. Comme les autres Régions, la Nouvelle-Aquitaine est en train d’élaborer ce schéma dont elle a voté une première mouture et qu’elle validera définitivement après consultation de ses habitants en décembre prochain. Avec pour objectif d’être la plus respectueuse possible de l’environnement et engagée dans la lutte contre le réchauffement climatique. « Ce texte s’inspire d’ailleurs des propositions des élus écologistes pour 70 à 80 % », fait remarquer Alain Rousset, le président du Conseil régional. « D’ici 2030, nous aurons divisé par deux notre consommation foncière. Les terres, notamment forestières et agricoles, ne seront plus sacrifiées au profit d’un étalement commercial, de ces zones en périphérie des villes qui sont une aberration. »
« Multi polarisation des bassins d’emploi »
Très concrètement, la Région Nouvelle-Aquitaine pose, comme elle en a le pouvoir, des contraintes claires : les collectivités qui ne se conformeront pas aux règles du schéma seront forcées de réviser leurs plans. Parmi les objectifs fixés, des solutions de transports plus vertes. Tous les transports dépendant des compétences de la Région seront « propres » en 2030. L’exécutif espère, à cet horizon, avoir mis le plus de camions possible sur les rails, et non plus sur les routes, et favorisé largement les solutions intermodales comme alternatives à la voiture. L’idée est également de lutter contre « l’autosolisme » et de changer les habitudes au quotidien. Dans ce contexte, l’arrivée possible d’un réseau express métropolitain serait évidemment une bonne nouvelle et la Région y est largement favorable, comme elle l’a prouvé en signant le même texte que Bordeaux-Métropole (lire ci-dessous). Les réflexions du Conseil régional ont été notamment alimentées par la contribution de SNCF Réseau, qui avait dès avril 2018 remis à l’exécutif un rapport très complet sur le sujet des transports. Posant, déjà, l’esquisse des besoins auxquels serait susceptible de répondre un réseau express métropolitain : « le phénomène de périurbanisation, voire de rurbanisation, génère une multi-polarisation des bassins d’emplois, qui ne se concentrent plus exclusivement dans les principales agglomérations de la région. Une des conséquences est une démultiplication tous azimuts des déplacements domicile-travail, saturant progressivement le réseau routier régional. Ainsi, le mode ferroviaire constitue une réponse quotidienne efficace aux besoins toujours croissants de mobilité́, dans une région de plus en plus attractive », écrivait alors SNCF Réseau.
« Des atouts exclusifs »
« Le mode routier, prédominant, consomme beaucoup d’espaces et génère une dégradation significative de la qualité́ de l’air, nuisible à la santé et à l’environnement. Face à̀ cette évolution, le mode ferroviaire dispose d’atouts exclusifs : la sécurité́, de très faibles émissions polluantes, une grande capacité́ de transport, le confort, la rapidité́ et la faible emprise au sol. Son handicap est sans doute inhérent aux coûts d’investissements et d’exploitation élevés, mais les rendements sont croissants avec la fréquentation et la durée de vie des composants est très longue. SNCF Réseau est mobilisé́ pour conforter la place du ferroviaire dans les mobilité́s du futur : utiliser les nouvelles technologies, réduire les impacts environnementaux, améliorer la robustesse d’exploitation... faire entrer le mode ferroviaire au coeur des mobilités du XXIe siècle », ajoutait le texte. Cette contribution a participé à nourrir la réflexion des élus de Nouvelle-Aquitaine comme, ailleurs, celle de bien d’autres exécutifs régionaux. Elle place le rail au coeur de la mobilité de demain, et trace les contours de l’intérêt d’un réseau express métropolitain. Elle pourrait aboutir concrètement et notamment en Nouvelle-Aquitaine, où un projet pilote est actuellement mené (lire encadré).
Bordeaux est un territoire particulièrement investi dans la mise en oeuvre d’un réseau express régional ou RER métropolitain pour répondre aux problèmatiques de mobilité. Pour traduire cet engagement, les deux collectivités, région et métropole, ont élaboré et voté une délibération commune définissant un programme de réalisations sur la période 2020-2028 porté par SNCF Réseau. « Les infrastructures sont là, on est d’accord sur le programme, il ne reste à trouver qu’un accord sur le financement, ce qui n’est certes pas anodin », résume Christophe Duprat, vice-président de Bordeaux métropole en charge des transports. « On doit maintenant travailler de manière plus efficace pour gagner du temps sur la mise en oeuvre tout en réfléchissant à long terme, et en retenant les leçons du passé, notamment des erreurs commises lors de la réinstallation du tram à Bordeaux ». « Améliorer la mobilité, c’est vraiment une urgence », assure Nicolas Florian, le maire de la capitale néo-aquitaine. « À l’intérieur des boulevards, mais aussi en dehors. Il nous faut un modèle capable de répondre aux nouvelles pratiques des arrivants, et de combiner avec des transports doux comme la marche ou le vélo ». « Sur cette question du RER métropolitain, nous avons un peu d’avance », reconnaît Renaud Lagrave, vice-président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine en charge des infrastructures et des transports et président du syndicat mixte « Nouvelle-Aquitaine Mobilités ». « Cette avance, nous devons la garder afin de pouvoir répondre aux 10% d’augmentation annuelle de trafic dans notre région, soit plus du double de la moyenne nationale. En ce sens, une collaboration des collectivités est un élément essentiel; il faut maintenant un investissement massif pour garder notre avance. Passons aux actes ! »
« Nous montons le plateau-projet d’ici juillet. Nous serons prêts, dès que les services auront été définis, à adapter nos infrastructures », promet Patrick Jeantet, PDG de SNCF Réseau.LE PROJET PILOTE DE BORDEAUX